Dans cette série, je joue avec les illusions. J’ai choisi d’imiter les formes des robes associées à une autre époque, semblables aux patrons que l’on utilise en couture. Elles représentent tantôt une camisole, tantôt un jupon, un peignoir, un négligé, une robe de soirée.

Les robes de verre possèdent une facture aérienne, alors que celles faites de céramique nous rappellent la mosaïque. Des effets optiques sont créés lorsqu’une source d’éclairage en découpe les lignes, les éclats de verre et de vaisselle brisée. Ceux-ci créent des ombres qui rappellent les douces formes de la dentelle, du tricot ou du crochet sur la surface des murs. Les robes de glaces donnent cette sensation irréelle de se sentir suspendue dans les airs.

Une chanson de Leonard Cohen sert d’inspiration à ces robes : « the dress that you wore for the world to look through » ou « la robe que tu as porté, qui était transparente; l’œil dit robe; mais le cerveau dit impossible… »

L’ensemble dégage une grande beauté, véritable image à couper le souffle dont nous nous abreuvons en tant que femmes.
Avec cette série d’oeuvres, j’engage le spectateur non seulement à observer les robes, mais à regarder au travers d’elles, comme par une fenêtre, ou avec une loupe.

Ces oeuvres se veulent en lien avec notre monde actuel, sa culture bling et la superficialité de la mode et de ses bijoux clinquants. Je suis attirée par les mythes de Cendrillon et de sa chaussure de verre – une chaussure qui ne peut faire qu’à une seule personne – et par Alice au Pays de Merveilles, à qui rien ne fait sans l’aide d’une potion magique. Je tente de symboliser ces concepts par le biais de cette séduisante robe de verre qui ne peut être portée, et dont la trame élégante est faite de verre tranchant, avec à son dos un piège chaotique de broches effilées. Tenter de porter cette robe de verre est non seulement dangereux, mais potentiellement mortel.

Comme dans cette autre fable « Les vêtements neufs de l’Empereur », la robe de verre symbolise la mise à nu, l’honnêteté. Ici, le vêtement ne cache point le corps qu’il enrobe, mais en révèle plutôt la forme et l’essence, qu’il célèbre.